Lettre pour ceux qui veulent faire de l'archéologie son métier
Vous êtes devant votre ordinateur. Vous êtes tellement nerveux que vous entendez votre cœur battre, battre à une vitesse folle. Vous fixez depuis déjà de longues minutes l'écran en vous demandant si c'est vraiment le bon choix. Vous êtes hésitant parce que c'est quelque chose qui sort de l'ordinaire, parce que c'est différent de tout ce que vous connaissez. Mais, vous savez au fond de vous que c'est vraiment ce dont vous voulez faire de votre vie. Juste à y penser vous souriez bêtement. Alors, vous prenez une grande inspiration et sélectionnez votre future métier : celui d'archéologue. Viens maintenant le temps de l'annoncer à vos proches. Certains d'entre vous auront de la facilité à franchir cette étape et c'est tant mieux! Pour d'autres, ceci risque d'être plus ardu. Sachez que si vous vivez ce genre de situation, c'est que d'autre l'ont vécue avant vous. Ce fût d'ailleurs mon cas. Voici mon histoire :
Tout ça a commencé au début de l'hiver 2014. Je venais de terminer ma première session en sciences humaines au cégep. J'avais commencé ce programme à reculons, car je le voyais comme une entrée obligée vers un emploi de services à la clientèle. Bien que j'aime parler avec les gens, je me voyais mal travailler dans ce type de domaine toute ma vie. Je m'y suis tout de même inscrite en choisissant un maximum de cours d'histoire et d'archéologie.
"Je suis bonne en histoire. Ça va donc être facile... et archéologie, ça doit ressembler à de l'histoire."
Voilà ce que je me suis dit afin de tenter de me motiver. Toutefois, j'étais loin de me douter que ces cours allaient faire naître en moi une passion folle.
"Maman, j'ai jamais autant aimé être à l'école. Je veux faire de l'archéologie plus tard", ai-je dit à ma mère à quelques jours de Noël au téléphone.
"Il n'y a pas de travail dans ce domaine, mais tu as encore le temps de te trouver un autre intérêt. Choisis d'autres types de cours la session prochaine", m'avait-elle répondu.
Au cours de cette année et demie restante au cégep, ma famille a tenté de me dissuader à m'inscrire dans ce domaine. Plusieurs courriels m'ont été envoyés avec toutes sortes de programmes et de types d'emplois différents, tous se ventant d'être les meilleurs. Mes notes étant très bonnes en économie, on a donc voulu que je continue dans cette vocation. Mes parents ont aussi évoqué l'idée de ne plus me donner accès à l'argent qu'ils avaient mis de côté pour mes études. Malgré toutes ces tentatives de découragement, il était trop tard pour me faire changer d'idée. Mon amour pour cette discipline était si grand que je n'ai pu me résoudre à abandonner mon choix de carrière.
À l'automne 2016, je suis donc entrée au baccalauréat d'archéologie. Bien que mon entourage proche avait désormais accepté mon domaine d'études, la partie était encore loin d'être gagné quand est venue le temps des partys de Noël.
"Archéologie, c'est spécial... tu aimes ça?", mentionne une de mes tantes.
"Mais au Québec, a-t-il vraiment de l'emploi qui s'offre dans ce domaine?", renchérit une autre.
Pendant plus d'un an, je ne voulais pas répondre à ces questions, car j'anticipais déjà les yeux douteux de ma famille et de mes amis. J'ai longtemps voulu éviter de dire que j'allais devenir archéologue puisque j'avais honte d'avoir opté pour un travail différent des autres. Mais en repensant à tout ce dont j'ai vécu depuis que je suis à l'université, il m'est impossible de dire que je regrette mon choix. Cliquer "archéologie" sur ce formulaire, qui semblait si intimidant, n'était pas une erreur. Je ne me suis jamais autant sentie à ma place que le jour où j'ai commencé à réaliser mon rêve.
Je n'ai alors qu'un conseil à vos donner. Écoutez-vous, car vous savez plus que quiconque ce qui est fait pour vous et ce qui vous rend heureux. L'important n'est pas d'avoir une grosse maison ou une grosse voiture, mais d'avoir envie de se lever chaque matin parce que vous aimez ce que vous faites. N'écoutez que vous, mais soyez tout de même indulgents avec vos proches. Même si vous ne vous sentez pas compris, ils ne veulent que le meilleur pour vous.
Au plaisir de vous croiser et peut-être, qui sait, de travailler avec vous.
Éloïse